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2015 aura bien été l’année la plus chaude jamais enregistrée

A picture taken on January 5, 2016, during the Liwa 2016 Moreeb Dune Festival shows the Liwa desert, some 250 kilometres west of the Gulf emirate of Abu Dhabi. The festival, which attracts participants from around the Gulf region, includes a variety of races (cars, bikes, falcons, camels and horses) or other activities aimed at promoting the country's folklore. AFP PHOTO / KARIM SAHIB / AFP / KARIM SAHIB

2015, une nouvelle année de record de températures. C’est ce qu’ont affirmé de concert la Nasa et la NOAA (L’Agence océanique et atmosphérique américaine) en rendant publiques, le 20 janvier dernier, de nouveaux résultats. Ces derniers indiquent que la moyenne globale des températures de surface – la mesure utilisée par les scientifiques pour évaluer la température d’année en année – fut, et de loin, la plus chaude jamais enregistrée.

Kevin Trenberth, National Center for Atmospheric Research

Ces résultats ont également montré que le différentiel avec la précédente année la plus chaude – à savoir 2014 – figure comme le plus important jamais relevé.

De telles données montrent que le réchauffement climatique se porte bien (ce qui n’a rien d’une bonne nouvelle). Ces températures indiquent, en outre, que la soi-disant « pause » dans le réchauffement climatique s’explique davantage par la variabilité naturelle que par le ralentissement ou l’inversion du phénomène d’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Comment ceci a-t-il impacté les événements météorologiques de l’année qui vient s’écouler ?

Les signes d’une planète plus chaude

Comme on pouvait s’y attendre, les records de températures hautes ont été observés un peu partout dans le monde l’an passé. Des épisodes de sécheresse sévère accompagnés d’incendies se sont multipliés.

Bien qu’un peu moins impressionnantes, des pluies torrentielles se sont produites, témoignant elles aussi du réchauffement global. L’air plus chaud a en effet la capacité de retenir une plus grande quantité de vapeur d’eau – environ 4 % supplémentaire pour une augmentation d’un degré Fahrenheit –, ce qui peut conduire à de fortes précipitations.

Ces preuves tangibles des effets du changement climatique étaient attendues et annoncées par les climatologues, considérant les émissions continues de gaz à effet de serre, notamment celles du dioxyde de carbone (CO2) libéré par la combustion des énergies fossiles.

Schéma de la NOAA montrant les anomalies de températures sur une base annuelle (les barres bleues et rouges) en degrés Celsius, ainsi que les concentrations de dioxyde de carbone relevées à Mauna Loa (Hawaï). Ces données se basent sur les valeurs du XXe siècle. En pointillé, les valeurs estimées pour l’ère préindustrielle (avant 1750), avec son échelle en orange à droite pour le dioxyde de carbone montrant une valeur de 280 ppmv (parties par millions en volume). Les données les plus récentes excèdent les 400 ppmv. En ce qui concerne les températures, la valeur pour 2015 est d’un degré Celsius plus élevée que les niveaux pré-industriels.
Kevin Trenberth/John Fasullo, Author provided

Le schéma ci-dessus montre clairement qu’au fil des années les records de chaleur ont été battus à maintes reprises. Une situation qui fait écho aux prévisions des modélisations du climat.

Ces nouvelles données permettront de dissiper toutes les hypothèses qui rejetaient l’existence d’un réchauffement global en s’appuyant sur l’existence d’une pause (un « hiatus ») dans la hausse de la moyenne globale des températures de surface. Si pause il y a eu entre 1999 et 2013, cela est bien plutôt imputable à la variabilité naturelle du climat.

Le rôle d’El Niño

L’année 2015 se distingue en raison d’un épisode particulièrement fort du phénomène El Niño ; celui-ci figure en effet parmi les trois plus puissants El Niño jamais enregistrés depuis le début des mesures (depuis la fin du XIXe siècle). C’est d’ailleurs l’influence de ce phénomène qui pourrait expliquer le différentiel avec 2014, année la plus chaude juste derrière 2015.

El Niño joue un rôle majeur au niveau régional en influençant les zones chaudes et sèches de même que la survenue de pluies torrentielles et d’ouragans ; le réchauffement climatique renforce tous ses effets.

Bien que la variabilité naturelle et la météorologie comportent de multiples facettes, la combinaison du réchauffement mondial avec El Niño domina les événements météorologiques de 2015, donnant lieu à des épisodes hors du commun :

Ce à quoi nous avons assisté en 2015 deviendra très certainement commun pour les quinze prochaines années, avec bien sûr de grandes disparités d’une région du monde à l’autre. Ces douze derniers mois nous donnent une idée d’un futur sous l’influence du réchauffement climatique.

Ceci ne fait que renforcer l’importance du récent Accord de Paris qui a fixé un cadre clair pour lutter contre le changement climatique : le ralentir, le contenir et en planifier les conséquences.

Kevin Trenberth, Distinguished Senior Scientist, National Center for Atmospheric Research

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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