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Les époux Balkany rattrapés par leur propre affaire Bygmalion

© AFP / MIGUEL MEDINA

La ville de Levallois-Perret pourrait elle aussi se retrouver au centre d’une affaire Bygmalion. En cause, un marché public passé avec la société de communication dont la passation et l’exécution montrent des irrégularités, d’après un rapport de la chambre régionale des comptes.

Un marché exécuté “irrégulièrement durant toute sa durée”. Dans un rapport salé sur la gestion de la mairie de Levallois-Perret, la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France se penche plus particulièrement sur un marché d’accompagnement et de conseil en communication passé entre la commune des époux Balkany et une certaine société B. qui n’est autre que Bygmalion, l’entreprise impliquée dans l’affaire des fausses factures lors de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012.

Après une plainte contre X déposée l’an dernier par une association de contribuables, le tribunal de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics. Patrick Balkany avait, à l’époque, parlé de “vindicte haineuse” de la part d’un ancien agent communal. Le rapport de la chambre régionale des comptes apporte plus de précisions.

“Pas dans la culture des agences de communication de formaliser les échanges”

En cause, des pièces justificatives incomplètes, voire absentes. “Aucune des factures ne détaillait les prestations effectuées, pas plus que les bons de commande ne mentionnaient le détail des prestations attendues”, relève la CRC, qui a donc demandé des justificatifs plus détaillés. Les comptes rendus des réunions n’ont pas été fournis, avec pour explication que “ce n’est pas dans la culture des agences de communication de formaliser les échanges”.

Quant aux rapports et analyses produits par Bygmalion, la chambre a noté de nombreuses absences de personnalisation, avec des documents qui auraient “pu être remis à n’importe quel client” ou qui n’ont pas été utilisés, comme une étude sur l’identité visuelle du Levallois Sporting Club, pour finalement décider de ne pas changer le logo.

30 000 euros d’écart entre les montants versés et les bons de commande

D’autres rapports ont été sous-traités, ce qui n’était pas prévu dans le contrat passé entre la société et la commune. La CRC note également que, sur les 23 factures émises par Bygmalion, 18 ont entraîné des bons de commande parfois postérieurs de 4 mois à la réalisation des prestations et “5 ont été réglées sans aucune pièce justificative”.

L’absence de justificatifs détaillés ne permet pas d’identifier le rôle réel joué par la société Bygmalion auprès de la ville de Levallois-Perret, tout comme elle ne permet pas d’expliquer les trois bons de commande aux montants supérieurs à ceux des prestations facturées par l’entreprise.

Au total, la ville a versé à la société Bygmalion 30 000 euros de plus que les montants figurant sur les bons de commande.

Le contrat passé avec Bygmalion n’est qu’une partie des irrégularités relevées par la chambre régionale des comptes dans la gestion de Levallois-Perret. Relations floues avec des associations “satellites des collectivités” fortement subventionnées, anomalies dans la commande publique et dans les délégations de service public, gestion des ressources humaines irrégulière… Et surtout une situation économique marquée par “un fort endettement”. De 155 millions d’euros en 2000, la dette de la ville est passée à 595 millions d’euros en 2013.

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