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“To be or not to be… in”

Brexit : quelles opportunités pour les filières économiques, les entreprises françaises ? Une tribune libre de Nicolas Ravailhe, directeur du cabinet Euraegis.

 

Autant l’écrire tout de suite, être dans l’Union européenne ou être en dehors, that is not the question. En effet, les Britanniques sont experts dans l’art de négocier une Europe à la carte. Entre leur refus d’intégrer l’espace Schengen, la zone euro, la charte des droits fondamentaux et la directive temps de travail, et leur capacité à obtenir notamment un chèque de retour sur la PAC, l’histoire de l’UE nous montre combien les Britanniques jouent à merveille des logiques d’“option de retrait”, dites d’opting out.

D’une certaine manière, les Britanniques ne sont donc jamais entrés dans bon nombre de dispositifs européens. Dès lors, qu’ils restent ou qu’ils quittent l’Union européenne influera finalement peu. Ils pourront partir et conserver des liens privilégiés avec l’UE comme rester en refusant d’intégrer des politiques communautaires. Comme toujours, ils agiront selon leurs intérêts. Les Britanniques savent évaluer le coût de leur contribution au budget de l’UE par rapport à l’influence qu’ils exercent habilement dans les institutions avec leurs parlementaires et leurs fonctionnaires.

Que l’on s’en offusque ou que l’on s’en réjouisse, leur vote, quel qu’il soit, ne sera pas de nature à affecter fortement la gouvernance de l’UE, très marquée par l’influence allemande.

L’Europe “à la carte” est une réalité qui n’est d’ailleurs pas pratiquée que par les Britanniques. Cette donnée incontournable fonde les réussites des économies gagnantes dans le marché intérieur, à commencer par les succès du commerce extérieur allemand, lequel contribue à la paupérisation des économies voisines.

En conséquence, le Brexit révèle les pratiques des États membres offensifs dans l’UE bien plus que les enjeux de politique intérieure britannique évoqués trop souvent en France. De plus, à supposer que le Royaume-Uni quitte l’UE, il faudra négocier sa sortie, ce qui prendra du temps et générera bien des incertitudes. Bien malin qui pourrait dire aujourd’hui si la France récupérera une partie, même petite, de leur industrie financière, comme l’a déclaré M. Macron.

Si le Brexit peut être une opportunité pour l’économie française, cela procède de l’art de la négociation. Tirons les leçons de la méthode employée dans le but de rechercher des contreparties et/ou des opportunités d’accord avec nos partenaires européens sur des politiques essentielles pour nos filières économiques et nos entreprises.

Il nous appartient d’agir cas par cas, c’est-à-dire pour que les choix stratégiques, technologiques, juridiques, sociaux, financiers… de notre économie, de nos entreprises, soient sécurisés et développés dans le marché intérieur européen. La première des questions du Brexit est donc celle de la capacité des acteurs économiques français à travailler avec notre gouvernement et notre administration en Europe afin de défendre ensemble nos intérêts. Le temps est venu pour la France de passer des discours bien pensés et bien prononcés sur l’Europe à des actions bien calculées.

Nicolas Ravailhe

Directeur du cabinet de conseils en affaires européennes Euraegis

 

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