Le Lanceur

4e salon Des livres et l’alerte : “La résistance à l’honneur”

À la veille de la rencontre Le Lanceur à Chambéry, le fondateur du salon “Des livres et l’alerte”, Daniel Ibanez, évoque le programme de sa 4e édition, du 16 au 18 novembre à Paris.

La signification se veut profonde. Pour ouvrir le 4e salon dédié aux livres de lanceuses et de lanceurs d’alerte, le documentaire Meeting Snowden, de Flore Vasseur, sera projeté. L’intérêt extraordinaire de ce film est qu’Edward Snowden, de culture américaine, remet en évidence les fondamentaux de la république et de la démocratie, qui n’est protégée que par l’exercice des droits”, détaille Daniel Ibanez, qui animera le débat à l’issue de la projection, avec le journaliste Denis Robert. “Le lancement de l’alerte n’est pas l’apanage de stars, poursuit-il, mais au contraire de citoyens que l’on rencontre partout et qui ne font qu’obéir à leur conscience de l’intérêt général. À un moment donné, la seule question est de savoir si l’on pourra encore se regarder dans une glace si on ne lance pas l’alerte.”

La projection de ce documentaire permettra de mettre “la résistance à l’honneur” avec la présence de la neurophysiologiste Anne Beaumanoir. Résistante de 95 ans et militante communiste, elle a caché des enfants juifs pendant la guerre et s’est échappée de prison après avoir été condamnée pour avoir aidé le FLN pendant la guerre d’Algérie. Quand on transgresse le principe fondamental de la liberté individuelle, comme l’a fait le service des contrôles techniques sous les ordres de Pétain, rappelle Daniel Ibanez en faisait allusion à un documentaire retraçant l’espionnage par les services techniques de Vichy, comment peut-on apprécier les autres services de surveillance massive ?” La question sera posée, lors du débat, à Christiane Taubira, qui était ministre de la Justice à l’époque de la loi sur le renseignement en France, et au journaliste et écrivain Lionel Duroy.

Sortir de la victimisation”

Décryptage pour gagner après l’alerte, ou comment protéger le lancement de l’alerte : les thématiques de cette année portent une dimension positive. Une volonté, explique Daniel Ibanez, de sortir d’une certaine victimisation. “Il me paraissait important de dire que l‘alerte, ce n’était pas forcément toujours perdu. Claire Nouvian et Irène Frachon ont réussi à franchir les obstacles, les représailles, les discrédits et les contre-campagnes des lobbys. La première chose, dans le lancement de l’alerte, n’est pas d’être une victime. L’alerte tient en premier lieu à la nature de l’information transmise, précise le fondateur du salon. Je ne peux pas nier que les lanceurs d’alerte sont victimes de représailles. Mais, clairement, il fallait à notre avis recaler cette notion de lancement de l’alerte, car parfois l’alerte a disparu sous les représailles et c‘est un vrai problème. Le principe fondamental, qu’il faut protéger, est celui du droit à pouvoir publier des informations d’intérêt général. Pour faire un parallèle assez simple, fallait-il créer une loi pour protéger les suffragettes, leur fallait-il un statut de protection ?” interroge-t-il.

Journaliste et lanceur d’alerte

Après des conférences le samedi sur la surveillance, le lobby agroalimentaire ou la libération de la parole face aux violences sexuelles, la seconde projection-débat du week-end réunira les lanceurs d’alerte Karim Ben Ali, Alain Gauthier et Jean-Luc Touly, le journaliste Pedro da Fonseca, l’avocate Claire Hocquet et le président d’Anticor, autour du thème “Moi, salarié lanceur d’alerte”. Le documentaire diffusé sur Planète sur la pollution près de l’usine ArcelorMittal de Florange lancera le débat. Ce reportage “permet d’interroger réellement sur la différence entre le travail d’un journaliste et d’un lanceur d’alerte. Les deux publient une information digne d’intérêt général, la vraie différence, qu’on voit avec évidence dans le documentaire, c’est que le journaliste interroge la contradiction, ce qui l’amène à trouver d’autres pistes. Il y a une complémentarité dans l’alerte entre le travail des journalistes et l’information, aussi étayée et prouvée soit-elle, que va publier le lanceur d’alerte”. Chaque jour, un atelier “Délivrer l’alerte” est en outre ouvert sur le salon, afin de proposer des conseils pratiques aux visiteurs.

Retrouvez le programme détaillé ici.


Jeudi 11 octobre à Chambéry, Daniel Ibanez sera présent à la Maison des associations pour la rencontre du Lanceur autour de l’alerte et du journalisme.

Plus d’informations ici.

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