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Vitaldent, Dentexia… la santé dentaire low cost devant la justice

Entres autres hobbies, Ernesto Colman était un amateur de compétition d'attelages

Décidément, quand on veut se faire soigner les dents à moindre coût, les déconvenues sont fréquentes. Après le scandale sanitaire Dentexia, la bulle dentaire espagnole avec Vitaldent.

Extorsion, escroquerie, fraude fiscale, blanchiment d’argent… Ernesto Colman, excentrique Uruguayen installé en Espagne, à la tête de Vitaldent, le plus gros réseau de franchises de centres dentaires low cost du monde, avait mis en place une véritable “organisation criminelle”.

Le parquet anticorruption de Madrid vient de le mettre derrière les barreaux, avec deux autres responsables et dix administrateurs et gestionnaires de l’entreprise, qui affichait pas moins de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel (7 500 employés).

Surveillé depuis deux ans par les agents de l’Unité centrale de délinquance économique et fiscale (Udef), Ernesto Colman (surnommé “McDentist” par le magazine Time pour son ubiquité et le développement éclair de ses franchises) est soupçonné d’avoir détourné plus de 10 millions d’euros au cours des dix dernières années. Plus de 2 millions de personnes seraient passées par Vitaldent depuis le début de son activité, en 1989, avec la promesse de mettre à la disposition pour tous les budgets les traitements dentaires les plus avancés. Vitaldent a rapidement opté pour le concept du crédit à la consommation : chaque clinique dentaire était en lien avec un organisme financier, afin de permettre aux patients de payer le plan de traitement prescrit par la clinique.

Comptes en Suisse et au Luxembourg

Selon la légende, l’Uruguayen serait arrivé en Espagne à 28 ans, avec 180 000 pesetas en poche (un peu plus de mille euros). Il a ouvert sa première clinique dans le quartier madrilène de Chamberí. Aujourd’hui, Vitaldent est une véritable multinationale, avec 450 franchises disséminées en Italie, aux États-Unis, au Portugal et en Pologne.

Selon les plaintes de plusieurs franchisés, ces derniers avaient pour consigne de verser à la maison mère 10 % de leur facturation, en liquide. L’argent était ensuite blanchi sur une myriade de comptes en Suisse et au Luxembourg. Les enquêteurs ont d’ores et déjà mis la main sur un avion privé, 36 véhicules de luxe, des pur-sang, plus de 200 propriétés et même le village abandonné de Montgarri, dans le val d’Aran, en Catalogne.

Similitudes avec l’affaire Dentexia

En France, l’affaire de cette bulle dentaire trouve un écho singulier dans le dossier Dentexia, ce réseau de centres dentaires low cost aux milliers de victimes dont le tribunal d’Aix-en-Provence vient de prononcer la liquidation judiciaire. L’Urssaf et le fisc réclament 1,3 million d’euros à son fondateur, l’homme d’affaires Pascal Steichen, un businessman touche-à-tout, pour non-déclaration de la taxe sur les salaires, de la taxe d’apprentissage, de la participation à la formation professionnelle, de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, de la TVA et évasion fiscale. En 2001, Pascal Steichen avait été condamné à 12 ans d’interdiction de gestion pour comptabilité incomplète et omission de déclarer l’état de cessation de paiements (peine réduite, quelques années plus tard, à dix ans).

Pascal Steichen étant sous le coup de dizaines de plaintes et de procédures pénales, ce scandale dentaire hecho en España devrait chatouiller les juges français.

 

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