Le Lanceur

Additifs alimentaires : conflits d’intérêts dans nos assiettes

© Tim douet

Pantouflage, chassés-croisés et double casquette avec l’industrie agroalimentaire, l’Autorité européenne de sécurité des aliments est rongée par les conflits et mélanges d’intérêts.

 

Alors que la Commission européenne planche sur la réévaluation des additifs alimentaires, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), chargée de fournir des avis scientifiques sur la question, vient d’être épinglée par l’ONG Corporate Europe Observatory pour son manque d’indépendance. Selon celle-ci, 11 des 20 experts du groupe sur les additifs alimentaires présentent un conflit d’intérêts. Ainsi apprend-on que la vice-présidente du groupe, une toxicologue néerlandaise, a reçu des fonds pour son laboratoire de la part de Nestlé et de l’Organisation internationale de l’industrie des arômes alimentaires. Elle est également membre d’un groupe d’experts mis en place par l’association américaine des fabricants d’arômes et d’extraits, un groupe de pression industriel conduit par Coca-Cola et PepsiCo. Le rapporteur du groupe de l’EFSA est quant à lui consultant pour Danone et PepsiCo. Un autre membre fait partie du comité scientifique de la FEVIA, groupe de pression de l’industrie agroalimentaire belge. Une autre membre, toxicologue en Bretagne, est même consultante pour Ajinomoto, le plus grand fabricant d’aspartame du monde, et pour Coca-Cola, utilisateur historique de ce même additif… Etc., etc.

Lobbying

Au moins huit membres du groupe de l’EFSA, dont son président, le Danois John Christian Larsen, ont collaboré avec l’ILSI (International Life Sciences Institute), think tank et groupe de pression financé par l’industrie agroalimentaire (notamment McDonald’s, Danone, Procter & Gamble, Kraft, General Foods, Unilever, Coca-Cola). Au début des années 2000, l’ILSI a fait pression sur l’OMS dans le but de limiter la lutte antitabac. Plus récemment, sur l’évaluation des risques liés aux plantes génétiquement modifiées. Fin 2010, suite à de vives critiques, Diána Bánáti, la présidente du conseil de direction de l’EFSA, a dû démissionner du conseil d’administration de l’ILSI. Selon le Corporate Europe Observatory, le groupe des additifs alimentaires de l’EFSA a été critiqué ces dernières années pour la publication d’”avis scientifiques controversés sur certains additifs alimentaires, y compris l’aspartame et les colorants artificiels”. “Il s’avère que plusieurs de ces substances provoquent des allergies ou sont suspectées d’être cancérigènes”, ajoute l’ONG.

Quitter la version mobile