Une lettre de l’IRSN en possession du Lanceur confirme la contamination du bocage situé à proximité de l’usine de La Hague et de la nappe phréatique qui passe sous le site. En cause, des incidents survenus dans les années 1970 et des défaillances dans les systèmes de stockage de l’époque. L’IRSN minimise les conséquences sanitaires mais reconnaît une possible propagation de la contamination au bétail du bocage.
Des déchets radioactifs ont bien pollué la nappe phréatique et la zone de bocage à proximité du site de La Hague. Dans cette localité de la Manche se trouve la principale usine de l’exploitant des centrales nucléaires françaises, Areva. Le géant de l’atome entrepose des déchets radioactifs à proximité du complexe. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) confirme aujourd’hui qu’une partie de ces déchets a contaminé les sols et sous-sols dans les années 1970. Des fuites dues à des pollutions multiples provoquées par des incidents et défaillances dans les systèmes de stockage.
L’IRSN a donc confirmé les conclusions de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro). Fin 2016, celle-ci mettait en évidence des contaminations par plusieurs radionucléides à proximité de l’usine de La Hague. Des traces d’américium 241, de césium 137, de strontium 90 et de plutonium. Les campagnes de mesures effectuées par Areva corroborent ces résultats. “L’exploitant et l’IRSN confirment un marquage par plusieurs radionucléides artificiels dans la zone nord-ouest proche de l’établissement AREVA NC de La Hague”, écrit l’IRSN dans une lettre du 20 avril 2017 adressée à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Rien de nouveau sous le soleil néanmoins, selon l’IRSN. Lequel assure que cette pollution était connue, son évolution suivie et les événements répertoriés. “Ce marquage a été mis en évidence de longue date par la surveillance régulière du site, écrit l’IRSN dans sa lettre du 20 avril. Il apparaît être très localisé et présentant une grande variabilité.” Reste que contamination il y a et que cette pollution aux radionucléides sera très longue à se disperser. La nappe phréatique sous le site de La Hague, comme le bocage, en étant imprégnée.
Trois sources de contamination
La question était de savoir d’où proviennent les traces de contamination. Afin d’en limiter la propagation. L’IRSN évoque “trois contributions distinctes” comme origine potentielle de cette pollution, mais assure qu’elles sont anciennes, liées à des incidents datant des années 1970. Des incidents provoqués par des défaillances techniques de contenants de déchets nucléaires.
Ainsi, des fissures dans des blocs de béton contenant des déchets contaminés “ont occasionné un transfert de contamination en césium 137 par voie aérienne” en 1974, écrit l’IRSN. Les traces de strontium 90 pourraient également êtres dues à cet incident. À cette contamination qui “concerne l’ensemble de la zone de bocage”, il faut ajouter les traces de plutonium et d’américium présentes, en faible quantité, dans le ruisseau des Landes.
Celles-ci proviennent de défauts d’étanchéité sur des fosses bétonnées “qui ont conduit à une contamination de la nappe phréatique”. L’IRSN précise que ces fosses ont été “assainies” dans les années 1990. Enfin, l’incendie d’un silo en 1981 a entraîné des rejets de césium 137. “Les mesures effectuées par la suite, sur le site et hors du site, ont mis en évidence une contamination des sols”, précise l’IRSN.
Contamination humaine possible via les bovins
S’il est avéré que les radionucléides dispersés proviennent de combustible utilisé dans les années 1970, l’IRSN n’exclut pas “une augmentation progressive du marquage au niveau de la source du ruisseau des Landes, qui apparaît comme une zone d’accumulation des contaminants”.
Joint par Le Lanceur, l’IRSN a cependant minimisé les conséquences sanitaires. Préférant souligner le faible taux de contamination, comme dans la lettre adressée à l’ASN le 20 avril. Un document dans lequel l’IRSN mentionne pourtant ses craintes d’une répercussion de ces pollutions radioactives chez les bovins. Avec, en bout de chaîne, un risque pour l’homme via la consommation de lait et de viande.
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